Addictions en entreprise : comprendre, prévenir et accompagner

  • vendredi 21 mars 2025
  • Santé
Les addictions en entreprise, qu’elles concernent l’alcool, les drogues ou les comportements excessifs, peuvent affecter la santé des salariés et la performance de l’organisation. RH, managers et services de santé doivent agir ensemble pour instaurer un environnement de travail sain. Cet article présente des solutions concrètes pour mieux prévenir et gérer ces situations en entreprise.

Addictions en entreprise : de quoi parle-t-on ?

L’addiction en milieu professionnel est un sujet encore tabou, mais dont les impacts sont bien réels. Comprendre les mécanismes de l’addiction, ses causes et ses conséquences est un préalable nécessaire pour mettre en place une politique de prévention efficace.

 

1. Définition des addictions

L’addiction est définie comme une perte de contrôle face à une substance ou un comportement, en dépit des conséquences négatives.

 Alexis Peschard, addictologue et président fondateur du cabinet GAE Conseil, une structure spécialisée dans la prévention des conduites addictives dans le monde du travail, précise qu’il existe une distinction entre ce qui relève d’une conduite addictive et une addiction : 

“La conduite addictive consiste à utiliser une substance ou à adopter un comportement potentiellement addictif ou addictogène. Cela peut concerner des comportements comme l’usage excessif des écrans, les jeux d’argent ou de hasard, ou encore la consommation de substances psychoactives telles que l’alcool, le cannabis ou la cocaïne.
L’addiction est une maladie chronique qui se caractérise par un besoin irrépressible de consommer ou de s’adonner à une pratique, au regard des symptômes de manque et en dépit des conséquences négatives sur la santé, la vie sociale et la sphère professionnelle.”

Contrairement aux idées reçues, l’addiction ne touche pas uniquement des profils vulnérables. Elle peut concerner tout salarié soumis à des conditions stressantes ou à un environnement propice à ces comportements.

 

2. Les facteurs favorisant les addictions au travail

Si les addictions sont généralement vues comme des problématiques personnelles, l’environnement de travail peut aussi en être un facteur déclencheur ou aggravant. En effet, plusieurs éléments peuvent favoriser ces dérives :

  • Le stress et la pression professionnelle : objectifs ambitieux, surcharge de travail, manque de reconnaissance… Autant d’éléments qui peuvent pousser certains salariés à chercher des compensations dans la consommation de substances ou dans des comportements addictifs.
  • La culture d’entreprise : dans certains secteurs, la consommation d’alcool ou de tabac est normalisée, notamment lors de repas d’affaires, d’événements ou de moments de convivialité entre collègues.
  • Les conditions de travail difficiles : le travail de nuit, les horaires décalés ou la solitude propre à certaines professions (chauffeurs, télétravailleurs, cadres en déplacement), peuvent favoriser l’apparition d’addictions.
  • Le manque d’accompagnement et de prévention : l’absence d’information et de soutien en interne peut laisser les salariés seuls face à leurs difficultés.

 

3. Les conséquences pour l’entreprise et les salariés

L’addiction en milieu professionnel a des répercussions significatives, tant pour le salarié concerné que pour l’entreprise. Au-delà de l’impact sur la santé et le bien-être individuel, elle peut engendrer des risques organisationnels, économiques et humains.

Pour le salarié, l’addiction ou les comportements addictifs entraînent une détérioration progressive du bien-être physique et mental :
Altération de la santé : troubles du sommeil, fatigue chronique, anxiété, dépression, troubles cognitifs.

  • Isolement et conflits : repli sur soi, tensions avec les collègues ou la hiérarchie, perte de confiance en soi.
  • Baisse de la performance : désorganisation, erreurs fréquentes, difficultés à respecter les délais.
  • Risque accru d’accidents : diminution de la vigilance, gestes imprécis, erreurs de jugement, notamment pour les postes à risques (par exemple les salariés qui manipulent des machines).
  • Pour l’entreprise, ces comportements peuvent également avoir de lourdes conséquences :
  • Augmentation de l’absentéisme : arrêts maladie fréquents et retards répétés.
  • Baisse de la productivité : moins d’efficacité, erreurs coûteuses, impact négatif sur la performance collective.
  • Dégradation du climat de travail : tensions entre collègues, surcharge de travail pour les autres membres de l’équipe, perte de confiance dans le management.
  • Accidents du travail : mise en danger du salarié concerné et de ses collègues, augmentation des risques juridiques et légaux pour l’entreprise.
  • Coûts financiers : hausse des dépenses liées aux arrêts maladie, baisse de rentabilité, éventuelles sanctions légales en cas de manquement à la prévention.

Face à ces conséquences, il est essentiel que l’entreprise ne considère pas l’addiction comme un problème individuel, mais bien comme un enjeu collectif. Une politique de prévention et un accompagnement adapté permettent de limiter ces impacts et de favoriser un environnement de travail sain.

 

Les stratégies de prévention en entreprise

Prévenir les addictions en entreprise passe par une approche globale qui combine sensibilisation, amélioration des conditions de travail et accompagnement des salariés en difficulté.

 

1. Sensibilisation et formation

L’information est la première étape pour lutter contre les conduites addictives en entreprise. Organiser des ateliers et des campagnes de sensibilisation permet d’éduquer les salariés sur les dangers des addictions et leurs conséquences sur la santé et la vie professionnelle. La Journée mondiale de la sécurité et de la santé au travail, qui se déroule le 28 avril, est par exemple une occasion idéale pour organiser des ateliers de prévention.
Vous pouvez également former les managers à la détection et à la gestion des comportements à risque. Une bonne connaissance des mécanismes de l’addiction leur permet d’agir rapidement et d’orienter les salariés vers les ressources appropriées.

 

2. Amélioration des conditions de travail

Nous l’avons vu dans la première partie, les conditions de travail peuvent jouer un rôle dans les comportements addictifs. À l’inverse, un environnement de travail équilibré réduit les facteurs de stress et limite ainsi les risques d’addiction. Encourager un bon équilibre entre vie professionnelle et personnelle, aménager des espaces de repos et favoriser un climat bienveillant contribuent à prévenir les comportements à risque. 
Il est également essentiel de limiter la pression sociale autour de la consommation d’alcool lors d’événements professionnels et d’adopter des pratiques managériales attentives au bien-être des équipes.

 

3. Mise en place d’un accompagnement pour les salariés en difficulté

Repérer les signes avant-coureurs d’une addiction permet d’intervenir à temps et d’éviter que la situation ne se dégrade. 
Selon Alexis Peschard, plusieurs signaux faibles peuvent alerter : 


“Il peut s'agir de troubles de l’élocution, d’une personne titubante, de pertes de mémoire, de maladresse inhabituelle, d’agressivité ou encore de somnolence. Là, il est nécessaire d’intervenir en mettant le salarié en sécurité et en sollicitant un avis médical auprès du 15. Cette démarche permet non seulement de se décharger juridiquement, mais aussi d’obtenir des recommandations sur l’orientation à adopter, notamment si le 15 ne juge pas nécessaire d’intervenir en fonction des signes décrits de manière factuelle.”


Au-delà d’une prise en charge immédiate, vous pouvez proposer un accompagnement sur le long terme, en facilitant l’accès à un service de soutien psychologique et en collaborant avec la médecine du travail et des structures spécialisées. La confidentialité des démarches doit être garantie afin d’encourager les salariés à demander de l’aide sans crainte de stigmatisation.
 

Pour vous aider à prévenir les pratiques addictives au sein de votre établissement, HCR Bien-Etre met à disposition des employeurs une consultation téléphonique avec un addictologue spécialisé dans l’accompagnement des entreprises. Entièrement prise en charge par votre contrat, cette consultation confidentielle vous permet de bénéficier de conseils personnalisés adaptés à votre situation. Pour en profiter, contactez le 09 70 82 52 72 (ce service est exclusivement réservé aux entreprises disposant d’un contrat santé auprès de KLESIA PRÉVOYANCE ou MALAKOFF HUMANIS PRÉVOYANCE).